Bubsy, le chat trop pressé de détrôner Sonic
Tiens, Nintendo a récemment ajouté Bubsy au catalogue en ligne de la Super Nintendo pour les abonnés au Nintendo Online — et en le relançant, c’est tout un pan des années 90 que j’ai eu envie de partager avec vous.
Si l’on se replonge à cette époque, la guerre des consoles battait son plein. Pas encore de PlayStation ni de Xbox : on était SEGA ou Nintendo, point. D’un côté, la Mega Drive et son look cool et nerveux ; de l’autre, la Super Nintendo, plus colorée, plus familiale. Et au centre de cette rivalité, deux icônes rythmaient le cœur des joueurs : Mario et Sonic.
Durant cette courte période, beaucoup de studios ont tenté de créer leur propre mascotte, Pix’n Love s’était attardé sur le sujet. Mais aucun n’atteignit la perfection de leurs modèles.

C’est à cette époque, fin 1993, que je découvre Bubsy grâce à Luna Park, l’émission belge dédiée aux jeux vidéo. Développé par Accolade — un studio surtout connu pour ses jeux de voitures — le titre met en scène un chat surexcité, lancé à toute allure à travers des niveaux loufoques pour ramasser des pelotes de laine et empêcher une invasion extraterrestre.
Ce que je retiens tout de suite, c’est cette impression de vitesse. Bubsy donne la sensation d’un Sonic sur console Nintendo ! De quoi faire rêver le joueur que j’étais… même si je n’avais alors ni Super Nintendo ni Mega Drive à la maison. C’est donc chez les copains — et sur la borne de démonstration du Maxitec — que je m’essaye au jeu.
Mais ce n’est qu’en y rejouant aujourd’hui que je mesure à quel point Bubsy, malgré son allure rapide, est bien moins équilibré dans son gameplay.
La vitesse, sans le contrôle
Sonic, malgré sa vitesse folle, repose sur une maîtrise fine : on apprend à doser ses sauts, à anticiper les pièges, et les ennemis restent globalement prévisibles et si d’aventures, vous aviez pris un peu trop de vitesse pour les éviter, vous perdez alors tous vos anneaux récoltés. Il faudra rapidement en récupérer afin de ne pas être vulnérable à la prochaine mauvaise rencontre.
Dans Bubsy, c’est une autre histoire : le scrolling défile à la même vitesse, mais les ennemis déboulent sans prévenir. Le moindre contact est fatal, et beaucoup ne peuvent même pas être éliminés en leur sautant dessus. Les pelotes de laine, elles, n’offrent aucun répit.
Résultat : un jeu nerveux, frustrant, où l’on meurt trop souvent.
Au moins, la bonne nouvelle, c’est que Bubsy ne manque pas d’originalité avec ces nombreuses séquences d’animation variées en cas de mort de votre chat… Oui, c’est bien connu, les chat ont sept vies non ?

Bubsy, source d’inspiration malgré tout
En y rejouant sur ma Nintendo Switch grâce à l’émulation et à la fonction de retour en arrière, on réalise à quel point Bubsy était punitif. Pourtant, à l’époque, il m’avait marqué. J’y avais même puisé des idées pour les niveaux de Bilou, le jeu que nous imaginions avec mon frère : les animations, les passages secrets qui vous téléportent d’un bout à l’autre du niveau, les pièges attirants qui se terminent souvent par une noyade ridicule…
Avec le recul, Bubsy reste un jeu marquant mais imparfait. Ses niveaux sont parfois confus, ses stages bonus agaçants, et dès le second monde – la fête foraine – la frustration monte en flèche.

Le chat retombera-t-il sur ses pattes ?
Un an plus tard sortait Bubsy II, sur Super Nintendo, Mega Drive et même Game Boy. Je n’y ai jamais touché. Le premier épisode connaîtra une adaptation PC (Super Bubsy), avant qu’un passage raté à la 3D ne vienne définitivement enterrer la mascotte.

Depuis 2017, Bubsy tente encore quelques retours, plus anecdotiques qu’autre chose, avec un épisode trop moderne sorti sur PS4 et un “Bubsy 4D” prévu pour 2026 qui assume ouvertement, avec humour, les échecs du passé.
Mais pour moi, le premier Bubsy reste le seul vrai témoin de la tentative d’Accolade de rivaliser avec SEGA et Nintendo à armes égales, au cœur de la grande bataille des 16 bits.
Un chat trop pressé pour devenir une star, mais qui aura malgré tout laissé une empreinte… au paradis des héros oubliés.



