
Nos vies sous le même ciel
C’était l’été, et j’étais encore plongé dans cette douce bulle étrange qui me donnait envie de dévorer romans sur romans, avec cette touche de “romantisme moderne” que je commence à peine à définir. Difficile d’étiqueter le genre tant je me sens novice en la matière. Après avoir fait le tour des gentilles recommandations d’avant les vacances, je me suis aventuré “seul” dans les rayons de la librairie, à l’affût de ce livre qui me murmurerait : « Hé, je vais rentrer avec toi, et nous allons passer quelques semaines ensemble. »

Ce n’est pas vraiment la couverture de Nos vies sous un même ciel qui m’a arrêté, mais ce bandeau rouge annonçant le dernier roman de Jojo Moyes, connue pour Avant toi… Livre que je n’ai pas lu, autrice que je ne connais pas, mais dont j’avais apprécié l’adaptation ciné. Quant au résumé, il n’en disait pas trop, mais juste assez pour me souffler que j’étais pile dans ce que j’avais envie de lire.
Lila Kennedy, autrice reconnue pour avoir écrit sur les secrets d’un mariage qui dure, voit sa vie exploser lorsqu’elle découvre que son mari mène une double vie. À 42 ans, déjà éreintée par cette rupture, elle tente de jongler tant bien que mal entre ses deux filles qu’elle n’arrive plus à suivre, une vieille maison en travaux permanents qui menace de s’écrouler, et un beau-père un peu obsédé par ses plats de lentilles qui s’installe presque sans prévenir. Cerise sur le chaos : son père, disparu depuis trente-cinq ans pour tenter sa chance à Hollywood, refait soudain surface. Sa carrière part à vau-l’eau, sa vie amoureuse est un terrain miné, et pourtant, il va bien falloir affronter cette tempête et essayer d’y trouver un sens.
Ce n’est qu’au milieu du mois d’août que j’ai ouvert le roman, en parallèle de celui de Dark Romance — Captive — entamé quelques semaines plus tôt. Puis septembre est arrivé, avec ses folles semaines de rentrée, bousculant ma bulle lecture. Il m’aura fallu retrouver un rythme, caser quelques pages entre deux trajets et les entraînements de basket des filles. Et force m’a été de constater que lire deux romans en même temps devenait, alors compliqué.
Pourtant, j’ai très vite été happé par la plume fluide et libérée de Jojo Moyes, ponctuée de petites pointes d’humour british qui tombent juste. En quelques chapitres, j’étais embarqué dans l’univers de Lila, maman solo débordée mais que je ne peux m’empêcher de respecter. Évidemment, quelques moments croustillants viennent pimenter le tout. Quand on a écrit un livre sur « comment garder son couple » et qu’on se retrouve à gérer un divorce, ça ne manque pas de sel… et de poivre non plus !
Bien sûr, les rencontres ne tardent pas. Et là, je l’avoue : après avoir enchaîné plusieurs romans cet été, je me suis dit « OK, j’ai compris le gimmick, ça va encore suivre le même schéma, ce ne sera pas très original. » Eh bien, sans trop en dévoiler, je me suis fait balader de twist en twist ! Et c’est parfois parce que j’en avais un peu assez de leurs échanges WhatsApp à l’eau de rose que je retournais lire mes torturés de Dark Romance, histoire de rééquilibrer l’ambiance.
Mais finalement, les histoires de cœur de Lila ne sont pas le centre du roman, et c’est précisément ce qui en fait sa réussite. On navigue entre sa fille ado et toutes les turbulences que ce passage implique — surtout quand les parents se séparent —, son beau-père pincé qui débarque dans leur grande maison après la mort de sa femme, et le retour improbable du père de Lila, parti à Hollywood depuis qu’elle était enfant.
Sur le papier, tout cela semble beaucoup, presque trop. En réalité, Jojo Moyes assemble tout cela avec une justesse quasi télévisuelle, façon série primée aux Grammys. Chaque séance de lecture me ramenait dans cette petite rue anglaise, dans cette maison ancienne au jardin un peu défraîchi. Je voyais les escaliers, la sortie de l’école, les repas qui s’éternisent, les silences, les éclats de rire. J’ai eu ce sentiment d’être dans l’histoire, d’y projeter mes acteurs, mes décors, mes émotions — j’ai ri, soupiré, rêvé, peut-être même eu cette petite larme…
Après tout cela, le roman refermé, c’était dit, j’en lirais d’autres des Jojo Moyes !.