Entre découverte de nouvelles pépites du courant Indie à venir et d’autres rencontrées durant les formations du Certificat en Culture Vidéoludique, j’ai envie de vous laisser ici quelques titres qui m’ont marqué.
Il y a tout d’abord Narita Boy et Cyber Shadow qui tout deux mettent en avant la culture rétro du jeu-vidéo comme point d’accroche.
Narita Boy
« Ce truc, enfin ce jeu a l’air complètement eighties dingos !!! Et rien que la musique donne envie… « Save the World »… Bien vu Team17 !!! » , pouvais-je m’écrier en découvrant la première bande annonce de Narita Boy, la dernière production du studio Team 17 (si, si c’est bien eux qui faisaient chanter des vers de terre il y a un peu plus de 25 ans).
Narita Boy, prévu sur console et ordinateur fin Mars
Si la preview se montre nerveuse, on peut tout de même rapidement sentir qu’il y a plus qu’un jeu d’action derrière Narita Boy. Son scénario semble d’ailleurs faire écho à un idée que j’avais eu il y a quelques mois. Raconter l’histoire de jeu dont on a perdu la trace des développeurs et où le héro partirait à la recherche de son histoire vidéoludique… Narita Boy n’en est pas si loin : Le jeu c’est vendu par palettes de cartouches, mais le code du jeu est attaqué. La carte mère active donc le protocole Narita Boy pour préserver le jeu… Voilà même qui me fait un peu penser à Biokid, un jeu que j’avais inventé il y a près de 30 ans, où l’on incarnait un petit héro similaire à Megaman étant en réalité un Antivirus traquant la vermine sur votre ordinateur verolé ! Bref, entre scénario originale et visuel rétro splendide, Team 17 tient encore une fois un bijou du courant Indie !
La 4° semaine du certificat en culture vidéoludique pose de nombreuses bases autour de l’approche du Serious Game et les nuances faites avec le Serious Gaming ou la Gamification. En préparation à cette séance, le Webinaire de Julian ALVAREZ m’aura permis de décomposer les différents éléments du “Play et du Game”. Ensuite Julien ANNART et Gaël GILSON nous mettrons face à une série de cas concrets pour encore approfondir le sujet avant la clôturer par un cas concret réalisé avec la Province de Liège : La Technosphère.
Cette journée de formation touche donc à de nombreux éléments théoriques particulièrement importants à bien maîtriser en autre lorsque l’on souhaite intégrer de manière générale le jeu vidéo dans un projet pédagogique. Je ne suis pas encore certain de pouvoir dresser toutes les nuances et variantes de ce que l’on fait rentrer dans le Jeu Sérieux, mais je vais tâcher dans un premier temps d’en préciser la théorie ici hors de mes 8 pages de notes. J’y reviendrai probablement par la suite.
Historiquement, on peut dater le premier jeu sérieux dit “Serious Game” en 2002. Il s’agit du jeu America’s Army développé par l’US Army. Le jeu a en effet été conçu et massivement diffusé afin de donner goût à de jeunes joueurs à s’inscrire dans l’armée américaine et repérer des “bons éléments”. Les 3 éléments qui caractérisent un Serious Games s’y retrouvent chacun : Diffuser un message, dispenser un entraînement, collecter des données.
Le Labyrinthe d’Errare – PC (Retz, 1989)
A bien y regarder, il y avait néanmoins de nombreux autres jeux “ludo-éducatifs” qui ont été développés dans le but d’apprendre une langue (Rayman Jeu d’action pour réviser), travailler son orthographe (Le Labyrinthe d’Errare) ou faire des mathématiques (MathCopter). Si l’on fait entrer l’AdvertiseGame dans le serious game (un jeu publicitaire), ont retrouvait déjà des jeux en liens avec des marques dans les années 90, notamment autour des mascottes de Nesquick ou Frosties. Enfin, des jeux comme Versailles ou Bible Adventure entrent également dans des titres précurseurs. Même si indéniablement, à partir d’American Army, un courant Serious Games va clairement se mettre en place, avec de nombreux opérateurs, y compris autour du multimédia pédagogique qui viendront proposer leur service, avec un succès mitigé.
J’ai moi-même entre 2004 et 2010 travaillé à la gestion et/ou le développement de projets de Serious Games au sein de l’Université de Liège, j’y reviendrais par la suite.
Micro Marché dans sa version PC MS-DOS
Au niveau “historique”, j’aimerais retrouver la trace du logiciel Micro Marché qui existait sur C64 et PC MS-DOS. Difficile d’en retrouver la trace sur la toile, ce qui confirme peut-être qu’il avait été développé en Belgique, voire dans la région liégeoise. Ce petit programme permettait de gérer une petite librairie et son stock. On choisissait avec une somme de départ chez son fournisseur divers articles et l’on choisissait ensuite le prix de vente que l’on voulait leur attribuer. Les clients venaient et en fin de journée, l’ordinateur faisait le bilan. Le joueur, en fonction de sa marge, pouvait alors acheter d’autres articles pour son magasin ou devait adapter ces prix pour le jour suivant.
Le jeu ne se présentait pas comme un outil purement dédié à être sérieux, mais son succès dans les écoles et clubs informatiques scolaires l’avait positionner comme un outil très efficace pour expliquer le PV, PA, Perte et Bénéfice en classe de primaire. Ce qui le positionnent parfaitement comme ma première expérience de Serious Gaming !
Dans la continuité de l’analyse sur le jeu vidéo Indépendant, la journée de formation de ce vendredi s’attardait également sur les métiers et le monde du jeu vidéo en Belgique. Avec un peu de recul toutes ces rencontrent permettent d’avoir un regard plus réaliste sur la situation chez nous. Pouvoir mesurer les ressources nécessaires pour un projet est une compétence importante si dans le futur de nouveaux projets étaient mis en place afin d’apporter une couche vidéoludique à un projet d’innovation pédagogique.
Quelques notes un peu moins « romancées » sur l’intervention de Vinciane ZABBAN lors de scéance en live de vendredi dernier permet de mettre quelques chiffres en lumière pour approfondir la réflexion entamée autour du jeu indé mais également face à notre petite Belgique.
Le plus gros studio français (avec des filiales hors de la France) représente 10.000 emplois dans le métier du jeu vidéo. En France un studio en moyenne emploie 50 à 60 personnes et l’on considére un “petit studio” entre 5 et 10 personnes.
La conception d’un jeu implique de plus en plus une spécialisation de tâches, avec un métier “morcelé”. Les studios font également appel à des travailleurs freelance.
Aujourd’hui, on peut considérer encore les métiers du jeu vidéo comme un travail d’artisan dans la conception et industriel dans sa production.
Temporalité d’un projet de jeu vidéo 2 à 3 ans
Epistory – interview de l’équipe montoise
Dans la seconde partie de l’après-midi, nous nous sommes penchés sur la spécificité du Jeu Vidéo en Belgique autour de 4 acteurs actuels. Sophie responsable des aspects publicitaires de la société montoise Fishing Cactus que je connais tout spécialement pour son projet Epistory. Un jeu que je fais rentrer tant pour son approche artistique que pour son gameplay en marge des habitudes dans le courant Indie Games.
Fishing Cactus. Tous ceux qui s’intéressent au business et à l’industrie du jeu vidéo en Belgique connaissent la boîte montoise fondée en 2008. Spécialisée jusqu’à aujourd’hui dans les jeux sur smartphone et les serious games, la société s’est lancée dans un nouveau défi avec un titre qui a tout du jeu indé, de la petite équipe jusqu’à l’esthétique tranchée et le gameplay de niche, mais porté par une structure plus large puisque Fishing Cactus est le deuxième plus grand studio belge après les Gantois de Larian Studios. Leur nouveau jeu s’appelle Epistory et il sort sur Steam… aujourd’hui ! Rencontre pour ce début d’une nouvelle aventure. — A lire l’interview de l’équipe d’Epistory sur Press-Start.
Jean Gréban, représentant de Walga et son équivalent flamand David Verbrugge. Tous les deux ont du bagage dans le monde de l’édition du jeu vidéo chez Infograme Benelux entre autres. J’avais déjà eu l’occasion il y a 2 ou 3 ans de participer à un events autour des actions de Walga afin de créer un pôle wallon mettant en avant les projets de jeux vidéo, le soutien aux développeurs et studio et surtout la sensibilisation à nos politiques de l’intérêt à apporter au secteur du jeu vidéo. On y parlait déjà à ce moment de mettre en place un Taxe Shelter.
Actuellement en Belgique on peut cibler 3 studios wallons principaux : Fishing Cactus (Epistory, Nanotales), Appeal* (Outcast) et Abrakham (J’en ai bien deux autres en tête, Crazy Monkey Studios* qui a réalisé Guns, Gore & Cannolli) ainsi que Exiin qui prépare le jeu Ary and the secret Season, jeu qui semble finalement il y a quelques mois conjointement avec Fishing Cactus.
Du belge à la Gamescom #3D’ailleurs je me souviens de 3 articles rédigés par Press-Start en 2015 qui présentaient plusieurs petits studios belges à la GameCom, le sallon du JV allemand.
Du 5 au 9 août, la Gamescom à Cologne hissera le drapeau belge ! Douze studios de toutes les Régions du pays occuperont un stand où vous découvrirez leurs futurs jeux vidéo en voie de finalisation. En attendant de les rencontrer sur place, Press-Start vous présente ces studios wallons, bruxellois et flamands dans une série de trois articles. — Du Belge à la Gamecom à lire sur Press-Start
Je note également 3 studios flamands à découvrir : Larian (Divinity), Pajamalama Soft (Floatsam) et Happy Volcanos (The almost gone)… Je crois qu’il y a des fans de Jeff Minter (Llamasoft) en Flandre !
Enfin le panel était également composé de Pablo Coma, developpeur indépendant du Healer Quest, oeuvrant pour le studio “Schtroumpfs” avec également quelques projets vidéoludiques et maintenant game designer chez Appeal. Sympathique retrouvaille, puisque voilà 8 ans que je suis l’aventure de Pablo, avant même qu’il ne présente le projet de healer quest ; )
Je retiens de cette table ronde qu’en Belgique nous avons du talent et de l’enthousiasme. Que les petits studios se questionnent sur le choix d’un “publisher”. Pas tant que pour une aide finançière mais également pour améliorer la distributions et surtout la publicité qui est un particulièrement long et chronophage à gérer pour un indépendants. (Salon, déplacement).
Je termine mes notes avec des chiffres à garder en mémoire. Epistory = 300.000€ Nanotale = 1M € En 2 ans le studio Appeal est passé de 15 à 50 emplois.
Je prends le temps de me poser dans un premier temps sur la première partie du sujet vendredi dernier se focalisantt sur les métiers du jeu vidéo et tout particulièrement le jeu vidéo indépendant dit “Indie”. Après la lecture de l’article de recherche “Le bonheur est dans l’Indé” coécrit par Vinciane ZABBAN qui animait la thématique.
Je vous livre dans un premier temps ce que j’ai appris de cette lecture.
L’article croise une série de destin, anonymisé, d’acteurs français qui entrent dans ce courant de développeur indépendant. Un courant qui tranche aujourd’hui avec l’image du geek programmant tout seul des jeux vidéo dans son garage, comme on le présentait au début des années 80.
Le bonheur est dans l’indé ? Trajectoires professionnelles des créatrices et créateurs de jeux vidéo Vinciane Zabban, Hovig Ter Minassian, Camille Noûs
Le créateur de jeux vidéo indépendants n’est donc pas un hobbyste ou un amateur, il s’agit bien d’un acteur professionnel. Néanmoins, comme nous le présente l’article, le terme jeu vidéo indépendant cible tant la production du jeu que sa distribution, hors du circuit des gros éditeurs. Mais c’est aussi un genre vidéoludique et dès lors un segment de marché. Enfin, on peut également aujourd’hui cible qu’il y a un manière de se revendiquer “Indie Game” avec une approche visuelle spécifique, une volonté d’être expérimental ou artistique.
Les acteurs français rencontrés dans le cadre du projet “TETRIS” dont découle l’article revendiquent cette appellation comme un positionnement alternatif de modalité de production. Ils vont créer leur “studio” à domicile, l’envie de faire leur propre projet, voir d’en concevoir l’ensemble des éléments plutôt que de manière morcelée comme c’est le cas de nos jours dans les gros studio de développement de jeux vidéo.
Ce nouveau statut est facilité d’une part par les nouveaux canaux de distribution propres aux jeux dématérialisés mais également grâce à l’accessibilité d’outils tels que Unity et des communautés d’utilisateurs.
Cette thématique sera remise sur la table dans la seconde partie de la journée, mais l’intérêt ensuite d’un bon éditeur sera d’apporter de la visibilité au produit finale car si la production est “locale” dans un petit studio, le produit lui est très souvent à destination mondiale, le plus souvent en anglais privilégiant parfois le chinois comme seconde langue plutôt que le français !
L’analyse de cette “nouvelle manière de faire des jeux” en s’émancipant des gros studios dans un nouveau courant, m’interpelle.
Je reviens un peu sur mes notes de la seconde journée de formation autour du jeu vidéo en m’arrêtant sur l’interprétation de celui-ci sous un angle intermédiatique et plus spécifiquement sur le concept d’œuvre transmédia.
Dans un premier temps, le Youtubeur Baldoc s’est penché plus en détail sur la manière de décrypter le Jeu-Vidéo en tant que média culturel en prenant comme point de départ la spécificité des traductions. Il en ressort qu’il est nécessaire de bien analyser le public principal à qui est destiné l’œuvre pour en comprendre les croyances, les pratiques et les valeurs. Il nous invite à se poser la question : Que range-t-on dans le terme “Gamer” ? Une même personne qui jouera à Call of Duty ou Journey. Il est nécessaire de ne pas exclusivement avoir un regard sur le jeu vidéo en tant que produit de consommation mais également en tant qu’œuvre artistique. L’analyse du sujet montre qu’une œuvre peut intégrer de nombreuses référence à d’autres œuvres du même univers, de la même Saga ou provenant de la littérature, histoire, cinéma, culture.
Bref, indéniablement, si j’ai du mal à me coller une étiquette de Fan de Jeux Vidéo, il m’est encore plus évidement que je ne me collerais pas une étiquette de Gamer. Je ne me sens effectivement pas concerné par les codes qui y collent. Un bon exemple est cet ouvrage “Guinness World Records Gamer’s Edition 2020” que j’ai dans ma bibliothèque et qui parle du jeu vidéo avec une approche particulièrement éloignée de mon regard sur le Jeu Vidéo, tant dans le ton que la forme.
En conclusion, il sera donc important dans un projet d’intégration du jeu vidéo au niveau culturel ou pédagogique de bien cibler le ou les publics !
Lors des échanges nous nous penchions en autre sur les relations transmedia et l’univers du jeu vidéo. Afin d’approfondir ma réflexion sur le sujet, je me suis penché sur le portage de La Petite Sirène de Disney en jeu vidéo au début des années 90 : Disney : The little mermaid – NES (Capcom, 1991)
Enter The Matrix – PS2 (Atari – Shiny Ent, 2003)
Autour de cette thématique je me suis posé la question de savoir si l’on parlait de transmédia dès qu’un univers était décliné sur plusieurs supports ou s’il était nécessaire qu’une volonté soit présente dès la réflexion de ses différentes déclinaisons. Historiquement, ce serait la sortie du Film Matrix et sur différents média dont le jeu vidéo qui correspondrait à cette première pratique, que l’on retrouvera ensuite avec la sortie de Star Wars épisode 1 ou le film Harry Potter. On peut donc considérer les jeux de Capcom autour de l’univers Disney, y compris en lien très proche avec la sortie de La Petite Sirène comme une opportunité. Ce qui était déjà le cas pour des jeux issus des Gremlins, Retour vers le Futur, Rambo dans les années 80.
Je me pose néanmoins encore la question face à l’implication de Disney Interactive dans l’arrivée de jeux estampillés Aladdin ou Le Roi Lion en 1992 et 1993. Je trouverais peut-être ses réponses dans l’ouvrage “Des Pixels à Hollywood” d’Alexis Blanchet qu’il devient définitivement impératif que j’approfondisse… d’autant qu’en cherchant la référence à ce jeu Matrix, je constate qu’il date de 2003… Voilà qui mérite de revenir sur le sujet avec Bruno Dupont !
Des Pixels à Hollywood, Alexis Blanchet – Ed. Pix’n Love, 2010
A l’automne 1976, Warner Communications Inc., le conglomérat géant des médias et des industries du divertissement, rachète Atari, une petite entreprise spécialisée dans une nouvelle forme de loisir, le jeu vidéo. En quelques années, Atari représente 30% du chiffre d’affaires global de la Warner Communications…
Emblématique des relations entre Hollywood et les jeux vidéo, cet événement industriel n’est pourtant qu’une des très nombreuses manifestations de l’intérêt réciproque que se portent ces deux domaines majeurs du divertissement de masse. Adaptation, inspiration, pastiche, plagiat, critique… Les échanges entre cinéma et jeu vidéo ont pris des formes variées et parfois étonnantes.
Des années 1970 à aujourd’hui, Des Pixels à Hollywood retrace l’histoire commune du cinéma et des jeux vidéo, à la fois concurrents et partenaires dans leur conquête du public. Une histoire économique et culturelle qui montre comment ces domaines du spectacle et de l’imaginaire ont profondément modifié le fonctionnement des industries du loisir et les processus de production des fictions contemporaines. (Des Pixels à Hollywood, Alexis Blanchet – Ed. Pix’n Love, 2010)